Mone est née en 1900. Sa mère est Repasseuse et lui apprend dès son adolescence les gestes minutieux et les techniques qui font l’art de ce métier. Cette jeune femme discrète, qui n’a jamais quitté Senlis où elle vit avec sa famille dans un appartement sombre, devient tout naturellement repasseuse à son tour. Mone sort très peu, mais les gens viennent à elle en apportant leur linge. Mone sait tout de ce qui se passe à Senlis. Et si les gens parlent, le linge parle aussi : des problèmes financiers de l’aristocratie après la première guerre, aux secrets d’alcôve, l’intimité des familles se dévoile à travers les étoffes.
Sur les conseils avisés de sa mère, Mone reçoit toujours avec gentillesse et discrétion une clientèle qu’elle parvient à fidéliser, tout en conservant une certaine réserve et dignité dans ces contacts. Son élégance est rapidement reconnue. Elle travaille énormément, parvient à maîtriser l’usage spécifique des fers dont certains pèsent jusqu’à 9kg ! Apprend toutes les techniques des mélanges amidonnés pour les cols, les dentelles ou les robes de baptême, les nappes en lin ou les draps.
Mais ce métier, aujourd’hui disparu, rapporte à peine de quoi vivre et Mone sait se contenter de peu. Sa vie est d’une grande simplicité mais son caractère doux et sa gentillesse naturelle lui permettent de transmettre une paix intérieure à ceux qui la croisent.
Mone traverse ainsi la première moitié du XXe siècle, découvre le monde par la radio, lit beaucoup, est curieuse de tout et essaie de comprendre le monde et ses changements. Son premier voyage en autocar vers Paris lui fait découvrir la haute couture et les musées. Se référant aux principes enseignés par sa mère, elle possède une droiture morale où fidélité et reconnaissance sont pour elle essentiels.
Au-delà du destin de Mone, Bénédicte Lapeyre nous dépeint un siècle qui a vu se produire deux guerres mondiales, des avancées technologiques qui ont bouleversé la société et changé le visage du monde, le combat des femmes pour le droit de vote et la libération sexuelle…
Ce roman mérite qu’on s’y arrête un moment, d’autant plus que sa lecture en est très agréable !
Dans le tourbillon technologique actuel où les découvertes en tout genre se font à un rythme effréné, souvenons-nous qu’il y a un peu plus d’un siècle, l’électricité n’était pas généralisée et que nous construisions les premières voitures… Ne risquons- nous pas d’oublier que la vie est plus précieuse que l’accumulation des biens qui nous détourne de l’essentiel ?